l’hypnose permet d’activer des changements de vie, mais pas pour les raisons communĂ©ment admises. C’est une technique qui n’est ni magique, ni troublante. Elle s’appuie sur des processus mentaux observables et sur les sensations corporelles (embodiment ou cognition incarnĂ©e).
Pour le dire plus simplement, elle permet, dans le contexte d’une transe hypnotique (c’est Ă dire d’un rĂȘve Ă©veillĂ©) de tester de nouveaux comportements, de nouvelles situations, ressources et valeurs personnelles et de les Ă©valuer, pour les adopter ou les rejeter.
Un participant sous hypnose est acteur de sa vie au sens stricte. C’est Ă dire qu’il va suivre un scĂ©nario, qu’une partie de lui va Ă©crire, mettre en scĂšne et rĂ©aliser. Le praticien en hypnose comme un maĂźtre du jeu dans un jeu de rĂŽle, indique un cadre et maintien la transe. Une fois rĂ©veillĂ©, revenu de la transe, le participant dispose d’alternatives nouvelles. Cela fonctionne autant pour gĂ©rer des douleurs, des choix de vie, des stress, arrĂȘter de fumer, etc.
La transe est importante car elle permet de ressentir au premier degrĂ© (comme “pour de vrai”) ce qui est vĂ©cu dans une situation imaginaire. Comme dans un rĂȘve quand on tombe de trĂšs haut.
Par ailleurs, on sait aujourd’hui que le cerveau dispose de bibliothĂ©ques de pensĂ©es et de comportements, acquises au fils des expĂ©riences de vie. Sous hypnose, le cerveau vit le rĂȘve Ă©veillĂ© de la transe comme une rĂ©alitĂ©. Un principe qui est utilisĂ© par exemple par les sportifs pour anticiper une compĂ©tition. Ils rĂ©pĂštent et simulent leur prochaine compĂ©tition jusqu’au moindre geste dans leur tĂȘte pour se prĂ©parer Ă le refaire au moment voulu. Les Ă©tudes sur le cerveau par IRM montrent qu’en faisant cela, le cerveau et les muscles crĂ©ent des rĂ©flexes, des attitudes, des Ă©quilibres… qui mettent en place des chemins neuronaux nouveaux (plasticitĂ© neuronales) qui seront utilisĂ©s pendant la compĂ©tition.
L’hypnose est donc l’expĂ©rimentation d’un Ă©tat d’esprit inhabituel, qui sort de l’ordinaire oĂč les notions de temps, d’espace, les sens et les sensations sont bousculĂ©s.
"Lâimagination invente plus que des choses et des drames, elle invente de la vie nouvelle, elle invente de lâesprit nouveau ; elle ouvre des yeux qui ont des types nouveaux de vision. Elle verra si elle a « des visions ». Elle aura des visions si elle sâĂ©duque avec des rĂȘveries avant de sâĂ©duquer avec des expĂ©riences, si les expĂ©riences viennent ensuite comme des preuves de ses rĂȘveries." Bachelard, Lâeau et les rĂȘves. Essai sur lâimagination de la matiĂšre"
Alain Bachelard
L’hypnose en soi n’est pas une mĂ©thode thĂ©rapeutique, elle active une imagination qui libĂšre. C’est un processus d’Ă©mancipation Ă la croisĂ©e de l’embodiment (la cognition incarnĂ©e), des techniques de coping de Lazarus, du moi-peau de Didier Anzieux et du concept d’auto-efficacitĂ© d’Albert Bandura.
“Le changement n’est pas d’ordre morale, mais d’ordre vitale (Gaston Brosseau)”. La volontĂ© n’a rien Ă y voir. C’est pour cela qu’il est si difficile de se forcer Ă suivre un objectif pour l’atteindre (par exemple arrĂȘter de fumer, dĂ©passer d’une rupture, maintenir de “bonnes rĂ©solutions”…). En rĂ©alitĂ©, c’est une question d’impĂ©ratif, de ressentir ce souffle vital. L’hypnose permet de prendre conscience de cette ressource et de vivre cette Ă©vidence par un rĂȘve Ă©veillĂ© pour la mettre en pratique naturellement.